revenons à la chronologie des évènements…! (et à l’évolution du « discours »)
1) si l’on en croit le dossier de presse du ministère les « négociations sur le métier » ont commencé dès juillet 2012 (« Dès la concertation pour l’avenir de l’École, qui s’est tenue de juillet à octobre 2012, il a été établi que la mise en oeuvre effective des priorités de la refondation de l’École exigeait de rénover nos pratiques pédagogiques et ainsi de redéfinir les métiers de l’éducation. Les réflexions se sont alors engagées depuis plus d’un an avec les représentants de tous les personnels qui, au contact des élèves, sont les premiers acteurs de la réussite ») (dossier complet ici :http://www.snes.edu/IMG/pdf/dossier_de_presse_MEN_1.pdf)
2) alors que les négociations se tiennent et se sont tenues : aucune information ne filtre de ce qui se discute sur la redéfinition des métiers de l’éducation avec le ministère, discussions où la Fsu est en première ligne : pas un article dans l’Université Syndicaliste entre juillet et décembre 2012 (seules sont évoquées une seule fois les difficultés rencontrées quant à l’interprétation faite des décrets de 50 par le recteur de Lille)
3) le 26 janvier 2013 le Snes publie dossier spécial « métier » dans l’Université Syndicaliste intitulé « professeur : un métier à réinventer ».(dossier complet ici : http://www.snes.edu/IMG/pdf/dossier_SNES_metier.pdf) : pas une ligne, pas un mot sur une évolution probable des statuts .
4) tous les US comprennent des articles sur la nécessité de la revalorisation salariale . L’Us du 1 juin 2013 débute par un éditorial de Roland Huber en réaction au rapport de la Cour des Comptes « gérer les enseignants autrement ». Daniel Robin y signe un article qui se termine ainsi » Prendre en compte les tâches nouvelles des enseignants sans pour autant créer des emplois supplémentaires sonne furieusement comme le « travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy. Si nous devions porter une appréciation sur ce travail de la Cour des comptes à l’image de celles que nous mettons sur les copies d’élèves que nous corrigeons, elle serait simple à trouver : «Ne doit pas copier sur son voisin de droite ». ■
5) pas un article sur les « négociations métiers » de janvier 2013 à Août 2013
6) Le numéro 734 de l’US du 14 septembre 2013 (consultable ici http://www.snes.edu/IMG/pdf/lus_734_pdf_bd.pdf) comporte en page 6 un article signé par Daniel Robin sur le « temps de travail » où il est précisé :
« La DEPP (1) vient de publier une étude sur le temps de travail des enseignants en 2010. Tous enseignants du second degré confondus il atteint 41 h 17 et pour les certifiés 42 h 53. On est très loin de la référence aux 35 heures qui prévaut tant dans le privé que dans la fonction publique. Rappelons que les certifiés et les agrégés n’ont pas bénéficié de la moindre diminution du temps de travail depuis plus de 60 ans et n’ont pas bénéficié d’un effet « 35heures » contrairement à l’ensemble des salariés. Ce décompte fait par le ministère met bien en évidence le poids du « travail invisible » qui s’ajoute aux heures devant élèves. Cette enquête montre aussi que le temps de travail est relativement similaire d’une discipline à l’autre.Mais un des grands intérêts de cette enquête est la comparaison que nous avons faite avec l’enquête de même type réalisée, aussi par la DEPP,sur l’année 2002. POIDS ACCRU DU TRAVAIL INVISIBLE Elle met en évidence qu’en huit ans le temps de travail d’un professeur certifié est passé de39 h 29 à 42 h 53 soit une augmentation de8,6% du temps de travail, ce qui est considérable.Cela a plusieurs causes. D’abord l’augmentation des heures supplémentaires qui, elles,sont rémunérées, mais aussi et surtout l’augmentation des activités en dehors de la présence des élèves qui, elles,ne le sont pas :multiplication des réunions, croissance du nombre d’élèves par classe qui accroît le nombre de copies, progression du nombre de classes en responsabilité pour atteindre le même nombre d’heures de cours.À un moment où vont s’ouvrir avec le ministère des discussions sur le métier d’enseignant, cette enquête pèse lourd car elle met en évidence que la dégradation de nos conditions de travail relève aussi d’éléments objectifs et quantifiables, tant sur la charge de travail que sur la rémunération.Pour le SNES-FSU, ces deux questions ne pourront donc être absentes des discussions à venir ». ■
et un article de Xavier Marand intitulé « Missions, statut, évaluation : du changement? » (consultable sur le lien ci-dessus) qui débute ainsi :
« Le ministre souhaite mieux reconnaître les missions des enseignants du second degré(en particulier en incluant dans le service les tâches faites hors la classe), favoriser le travail en équipe et permettre la diversification des parcours professionnels. Depuis de nombreuses années, le SNES-FSU revendique un abattement forfaitaire de 2 heures pour tous les enseignants afin de permettre le travail collectif. Les décrets de 1950 doivent être revus, améliorés et cadrés nationalement. Des décharges spécifiques (tutorat, enseignant chargé de la gestion de matériel…) doivent être mises en place. Des mesures urgentes doivent être prises dans les établissements relevant de l’éducation prioritaire »
- le 19 Octobre 2013 le supplément à l’Us 735 (Us Mag) comporte en couverture « Métier : ouverture des négociations ».(consultable ici : http://www.snes.edu/IMG/pdf/usmag735_pdf_bd.pdf)
En page 13 un article est signé Frédérique Rolet qui indique « Les propos du ministre de l’Éducation ont également porté sur la redéfinition du métier enseignant, notamment les décrets de 1955 (????) qui fixent les maxima horaires des corps (certifiés et agrégés) ; le ministre entend rendre visible l’intégralité des missions effectuées par les enseignants, substituer au principe de décharge une pondération pour des conditions d’exercice particulières (éducation prioritaire, cycle terminal des lycées), admettre que toutes les interventions pédagogiques, cours, TP, accompagnement font partie du service à égalité.Le SNES-FSU interviendra dans les groupes pour relayer la demande des collègues d’une amélioration qui touche tout le monde, qui garde l’identité du métier enseignant, la transmission et l’appropriation des savoirs par des élèves tout en reconnaissant le « travail »invisible » et de se moquer plus bas du SNPDEN qui a l’audace de demander la suppression des décrets de 50 au motif qu’ils auraient le même âge que Miou-Miou
- le 22 novembre 2013 a lieu « la première réunion » de travail sur le « métier » avec remise de « fiche métier »
- le 7 décembre 2013 l’US N° 736 débute par un éditorial signé par les trois co secrétaires du SNES-FSU (déjà signataires à tour de rôle des quelques articles parus sur le sujet depuis septembre 2013) (consultable ici http://www.snes.edu/IMG/pdf/us736_pdf_bd.pdf) où ceux ci précisent : »Le SNES-FSU appelle donc l’ensemble des collègues à prendre connaissance des propositions, à les juger à l’aune de leurs attentes, de leur connaissance de la réalité du métier, de leur volonté, qui ne s’est jamais démentie, de faire réussir leurs élèves. C’est à partir de cette analyse collective, de ces débats dans les établissements que devront être abordées les formes d’action nécessaires pour peser sur les écritures du futur projet de décret, mais aussi pour que ce « chantier ministériel » soit le levier pour obtenir l’ouverture de discussions sur d’autres sujets urgents qui y sont liés : revalorisation salariale, lutte contre la crise de recrutement, amélioration des conditions de travail de toutes et tous, tant au collège qu’au lycée » le tout suivi de deux pages d’analyse des textes en négociation, deux pages intitulées « réforme du statut » (pour mémoire les textes de travail ne sont pas « fournis » dans l’Us N° 736)
- le 12 décembre 2013 a lieu « la deuxième réunion » sur le métier
- le 21 décembre 2013 l’Us N° 737 comporte en page 2 un court article de Frédérique Rolet intitulé « MÉTIER LE TEMPS DE LA MOBILISATION » où il est précisé que » Le SNES-FSU participe depuis le début aux discussions sur le chantier métier ouvert par Vincent Peillon ; il informe au jour le jour les collègues de l’évolution des propositions. Le 12 décembre, le SNES-FSU a fait part au ministre de vives inquiétudes de la profession sur ce dossier » et de préciser en conclusion « C’est pourquoi le SNES-FSU veut utiliser le temps donné pour poursuivre et amplifier la mobilisation« (article complet consultable ici : http://www.snes.edu/IMG/pdf/us_737_pdf_bd.pdf)
- jusqu’au 8 février 2014 et l’Us n0 738 silence radio sur la « mobilisation » promise et sur le chantier « métier »..dans ce dernier numéro un article en page 3 (petit article consultable ici http://www.snes.edu/IMG/pdf/us_738_pdf_bd.pdf) où il est indiqué que le ministre a du « prolonger les débats » notamment suite à la mobilisation des CPGE
- le 12 février 2014 a lieu la « troisième (et dernière réunion) réunion » sur le métier : elle est suivie d’un communiqué de presse que vous trouverez ici http://www.snes.edu/Professeurs-du-second-degre.html
- jusqu’au 22 mars 2014 (à 5 jours du CTM du 27 mars où l’avis des représentants des personnels allait être demandé!!) silence radio.
.Dans l’Us 739 (consultable ici http://www.snes.edu/IMG/pdf/us_739_pdf_bd.pdf) daté du 22 mars 2014 Frédérique Rolet dans un éditorial en première page affirme « ni revalorisation souhaitée par le SNES-FSU ni refondation déstructurant le métier enseignant, ce texte ne mérite ni cet excès d’honneur ni cette indignité. De quoi parle-t-on réellement ?Le projet reprend, pour une grande part, les points fondamentaux des décrets de 1950″.
Cet éditorial est suivi d’un article en page 3 signé Christophe Barbillat et Xavier Marand qui analyse le projet de décret et conclut par « En tout état de cause, la situation impose de continuer la bataille syndicale pour la réduction du temps de travail, l’allégement de la charge de
travail et la revalorisation de nos métiers.À cette fin, le SNES-FSU met en ligne, à disposition de tous, l’ensemble des éléments : le texte du projet et son analyse statutaire ». L’article est suivi de l’encart suivant :
« Le SNES-FSU en action : Par les nombreuses réunions organisées dans les établissements et les académies, et l’information mise en ligne et diffusée par les mails aux syndiqués, le SNES-FSU a mis à la disposition de la profession les outils lui permettant d’être actrice de son devenir.Les discussions sur les fiches métier enseignant se sont ouvertes fin novembre pour se poursuivre en décembre et être finalisées le 12 février. En faisant le choix de la transparence et de l’information de la profession à chaque étape des discussions, le SNES-FSU a créé un rapport de force de nature à contraindre non seulement le ministère de l’Éducation nationale, mais aussi Bercy et la Fonction publique, pesant sur les arbitrages gouvernementaux. C’est dans cette même démarche que le SNESFSU portera en CTM les améliorations nécessaires au projet de décret proposé par le ministre. »
- le 27 mars 2014 lors du CTM le SNES FSU s’abstient, permettant ainsi l’accord (par 5 voix pour sur 15) du CTM sur le sujet
-le 19 avril 2014 (alors que le décret n’est toujours pas publié) l’Us N° 740 comporte un supplément 4 pages intitulé « spécial décret » (consultable ici http://www.snes.edu/IMG/pdf/us_740_pdf_bd.pdf)
la boucle est bouclée…
nous analyserons l’évolution du discours dans le chapitre II